L'idée de cette manchette est partie d'un motif brodé sur l'un de mes vêtements. Ne payant pas de mine comme ça, il me plaisait et c'était suffisant pour me lancer dans un « projet perles ».

La question étant : comment reproduire techniquement ce motif avec des perles de rocaille ?

Après avoir trouvé l'inspiration, je commence par reproduire sur une feuille les courbes de mon motif initial de manière grossière et à l'échelle 1 du bracelet que je souhaite réaliser.

Fil, perles et aiguille en main, j'enfile les perles et je les pose sur mon croquis : l'objectif est de repérer le nombre de perles qu'il faut enfiler pour aller d'un point A à un point B et de repérer les perles dans lesquelles il faut repasser pour que le motif puisse s'exprimer avec le tissage.

Une fois la technique mise en place je me suis lancée dans la création de mon 1er bracelet avec ce tissage nouvellement inventé. 

Il m'a fallu également penser au système de fermeture que j'ai choisi de faire tout en perles en intégrant des aimants.

(toujours le même principe : je tâtonne, j'essaie, je note et je peaufine le système).

Je me suis orientée vers la réalisation de bijoux de mariage à la demande des client(e)s. Il me fallait donc choisir des couleurs adaptées à un mariage classique :

• Du blanc
• De l'argenté
• Des perles de verre nacré blanche
• Des perles de cristal bicone

En connaissance de cause, il n'est pas toujours aisé de se projeter avec de nouvelles couleurs. Même pour moi, quand je me lance dans un projet, je fais parfois plusieurs essais pour trouver le juste équilibre entre les couleurs.

J'ai donc commencé un carnet d'échantillon pour garder une trace de mon travail et pour proposer à mes futurs client(e)s les tissages que j'invente, déclinés dans les différentes collections.

Une fois la technique mise au point, il ne me restait plus qu'à la décliner sous différentes formes pour proposer une gamme complète de créations de la plus simple à la plus sophistiquée.

J'ai donc choisi d'épurer le modèle en ne tissant qu'un seul brin composé de deux tiges qui s'entrecroisent.

Le bracelet « Entrelacement » est né et ne manque pas d'attirer les regards malgré sa simplicité.

Directement issu du projet initial, j'ai choisi de l'améliorer et de lui apporter une petite touche de brillance et d'élégance avec les perles de verre nacré et les perles de cristal de la marque Swarovski.

J'accorde en effet une grande importance à la qualité des perles que j'utilise, car elle atteste de la qualité de mon savoir-faire et contribuent à apporter ce petit quelque chose qui déclenche le coup de cœur.

Pour achever cette démarche de recherche, j'ai décidé de pousser encore plus loin le modèle « Epis de blé » et de dédoubler la largeur pour créer une manchette en soignant toujours la qualité des perles et le moindre détail.

Cette idée était un peu effrayante de part la quantité de travail que cela représentait, pour quelque chose qui, au final, ne pourrait pas fonctionner.

Mais comme le mot persévérance le dit : il faut « percer » pour « voir ». 

Cela n'en parait pas, mais plus la création est épurée et simplifiée, plus sa conception est délicate. Il s'agit en effet de conserver « juste l'essentiel » et de laisser le surplus qui alourdi l'objet créé.

Ainsi, le fermoir aimenté que j'avais mis en place pour le projet initial ne se prêtait pas à ce fin petit bracelet. J'ai donc décidé d'utiliser un fermoir boule tissé en perles en m'assurant que la boucle soit justement mesurée pour bien tenir la boule.

La finesse et la délicatesse sont au rendez-vous.

Challenge réussi.

J'ignore pourquoi, ce motif me fait penser aux épis de blé. Je pense qu'il s'agit du mouvement créé par le tissage qui reprend celui des grains alternés sur leur tige. Il y a peut-être aussi l'effet du sillon du tracteur dans le champ.

Et vous, à quoi vous fait penser ce modèle ?

Le souci du détail est primordial dans mon travail. Il s'agit de tisser un motif mais ensuite de lui donner vie à travers un objet utilitaire comme un bijou. Et qui dit « bijou », dit « fermer le motif ». L'aventure ne s'achève donc pas au simple tissage, il faut ensuite penser au fermoir, qui n'en a pas l'air, mais représente à lui seul un gros travail de finition.

Dans le cas de cette création, l'aimant s'intègre parfaitement au bracelet et fait partie intégrante du bijou sans faire pièce rapportée.

Et du point de vue pratique, le système est largement adopté par l'ensemble de mes client(e)s (et moi-même) : en un clic, le bracelet est fixé.